Cosmologik Admin
Messages : 398 Date d'inscription : 17/10/2010 Age : 54 Localisation : Spain
| Sujet: Article: La Langue des oiseaux Lun 1 Nov - 17:01 | |
| La langue des oiseaux est une langue fictive et secrète qui consiste à donner un sens autre à des mots ou à une phrase, soit par un jeu de sonorités, soit par des jeux de mots (verlan, anagrammes, fragments de mots…), soit par le recours à la symbolique des lettres. Autrement dit, la langue des oiseaux est une langue tenant de la cryptographie se fondant sur trois niveaux : La correspondance sonore des mots énoncés avec d’autres non dits permet un rapprochement sémantique qui constitue un codage volontaire, soit pour masquer une information, soit pour amplifier le sens du mot premier. Les jeux de mots utilisés permettent un codage davantage subtil et ésotérique, les mots se reflètent ad libitum : verlan, anagrammes, fragments de mots, etc. La graphie enfin, fondée sur la symbolique mystique des lettres des mots énoncés, peut renvoyer à un codage iconique renforçant le sens des mots, comme dans les hiéroglyphes. Longtemps langue d’initiés, système de codage occulte lié à l’alchimie et à la poésie hermétique (de Hermès, dieu patron des phénomènes cachés), la langue des oiseaux acquiert une dimension psychologique au XXe siècle, avec les travaux de Carl Gustav Jung ou de Jacques Lacan, qui y voient un codage inconscient permettant d’amplifier le sens des mots et des idées. Le Dictionnaire des langues imaginaires recense plusieurs entrées en lien avec la langue des oiseaux : langage des animaux, langue des corbeaux, langage de l'extase (mystique), langage ludique, langage du rossignol, langue secrète... Néanmoins il existe des langues farfelues (comme la langue des corbeaux) sans fondements historiques, sûrement inventions de cas pathologiques . Il faut ainsi différencier les « langues secrètes » des langues farfelues, des langues inventées (la langue des grenouilles d'Aristophane), des jargons et dialectes et des imitations (« langue des animaux » dont Mircea Eliade dit qu'elle consiste à « imiter leurs cris, surtout les cris d'oiseaux »). Au final, c'est l'existence d'un code caché qui permet de départager ces registres et de repérer l'originalité de la langue des oiseaux.
Principe
Il n'est pas interdit de voir dans l'expression de « langue des oiseaux » une analogie avec sa dimension aérienne puisqu'au final elle consiste à faire «décoller » le son, à l'entendre plutôt qu'à le lire. Il s'agit donc de ne plus se fier à l’« écrit », mais aux « cris », entendus ceux des oiseaux, des mots chantés donc. L'exemple suivant permet d'en comprendre le principe: phrase codée : « Vois si un met sage se crée, dit sans les mots » phrase décodée : « Voici un message secret disant les mots » Le message codé comporte un ensemble d'éléments à interpréter : « vois », « un mets sage », « se crée » , « dit sans les mots ». À la différence de l'amphibologie (phrase qui peut avoir deux sens comme dans « J'ai tué un éléphant en pyjama » - « je l'ai tué alors que j'étais en pyjama ou « j'ai tué un éléphant qui avait un pyjama »), exemple qui ne prend pas en compte la logique bien entendu, la phrase en langue des oiseaux joue sur l'homophonie des mots la composant. Quand à l'interprétation, elle dépend du contexte et des récepteurs. Le chapitre Fondements historiques livrera les interprétations qui pouvaient exister au sein des groupes usant de la langue des oiseaux. Cet exemple peut être interprété comme une explication codée de ce qu'est la langue des oiseaux: elle nous encourage à dépasser les lettres, mais à privilégier bien plutôt la vision (« vois ») car s'y cache un secret, un savoir : « se crée » (au sens : d'un message en naît, ici le mot premier « secret » peut être conservé), un savoir intangible car « dit sans les mots ». Dans cette langue où prime le "double sens", permis par l'homophonie (et d'autres mécanismes que nous analyserons plus loin); le son, en somme, « résonne » et « raisonne ». L 'analogie avec les oiseaux est avant tout physique : les sons volent a contrario des lettres, qui restent fixes. Le proverbe populaire « Les écrits restent les paroles s'envolent » témoigne également de cette symbolique. La langue des oiseaux nous invite donc à trouver le sens profond, caché, de la phrase, ce que Rabelais (utilisateur avéré de cette langue) appelait la « substantifique moëlle ».
Origine de l’expression
L’expression « langue des oiseaux » (on emploie également l’expression synonyme de « langue des anges ») a une origine confuse et plurielle : une première interprétation possible est qu’elle renvoie au fait que les oiseaux sifflent des mélodies, des musiques pour l’oreille humaine, mais dont on ne réalise pas le sens caché. C’est l’idée d’une langue sacrée, cachée, que l’homme n’« entend pas » (dans le sens de comprendre). Grasset d'Orcet reprend ce point de vue (voir ci-après). Cette interprétation renvoie également au mythe grec de Tirésias qui, apercevant un jour deux serpents s'accouplant sur le mont Cithéron (ou sur le mont Cyllène), de peur, il tua la femelle d'un coup de bâton. Tirésias fut alors transformé en femme. Sept ans plus tard, il revit des serpents accouplés. Il tua alors le mâle pour redevenir un homme. Tirésias fut ensuite confronté aux dieux Zeus et Héra, qui se disputaient pour savoir si l'homme éprouvait un plus grand plaisir dans l'amour que la femme. Consultant Tirésias pour sa qualité d’initié aux deux sexes, ayant connu les deux situations, le jeune homme répondit que selon lui le plaisir des femmes est neuf fois plus intense que celui des hommes. Héra, outragée, le frappa alors de cécité. Zeus compensa ensuite le châtiment infligé en accordant à Tirésias le don de prophéties infaillibles et de comprendre le langage des oiseaux. On peut voir également dans le dieu Hermès, Mercure chez les alchimistes, le créateur de la langue des oiseaux. Ailé, il représente le principe volatil et ésotérique du mystère de la Nature.
Zeus peignant les papillons, Hermès à ses côtés, l'inspirantl’expression pourrait être également une déformation phonétique historique (« synchronique ») du nom d’une confrérie secrète appelée : « langue des oisons » (en référence au petit de l’oie, terme devenu archaïque), nommée ainsi en raison de la patte d’oie que porte sur l’épaule les constructeurs de cathédrale. Ceux-ci utilisaient sur les chantiers un jargon permettant de conserver les techniques ancestrales de la « Fabrique ». Cependant, après la « Grève des Cathédrales » (suite à la proclamation des Templiers comme non grata en France la 19 mars 1314), la majeure partie des ouvriers initiés quittent l’Inquisition française, pour l’Italie du nord (où ils préparent la Renaissance) et le Moyen-Orient. Après le relâchement de l’Inquisition, ces initiés, de retour en France, surnommés « sarrasins », diffusent leurs connaissances au moyen de systèmes de codages secrets assimilés rapidement à des sciences occultes, en premier lieu : le Tarot de Marseille, l’"art goth" (art de la lumière, qui deviendra l’art gothique), l’alchimie et la langue des oiseaux. Dès lors la langue des oisons, réceptacle du savoir traditionnel des constructeurs de cathédrale se mue en langue des oiseaux qui de ce fait entre dans la clandestinité et devient langue d’initiés. Elle gagne en complexité afin de ne pas attirer la censure et l’anathème du Clergé, recourant même aux langues anciennes comme le grec. Les mots se chargent ainsi de sens doubles, permettant de communiquer des informations tout en éveillant pas de soupçons et tout en utilisant les moyens de communication de l’époque (poésie, inscriptions, chants, comptines…)
Le symbole
En jouant sur les lettres, les sons ou les sens, la langue des oiseaux a trait au symbole. Le symbole, du grec « seumbolon », selon la tradition hermétique et gnostique, ne peut être saisi que dans une image (analogie, parabole) ou une correspondance (métaphore). En effet, le discours herméneutique détruit la dimension symbolique, expliquant une réalité qui échappe à la raison. En soi, le jeu de mots est la meilleure façon d’approcher la dualité paradoxale du symbole. La langue des oiseaux est donc intimement liée au « langage des symboles ». La différence des termes exploite en effet toute la nature de l’opération de transformation entre les deux plans : si la langue renvoie à un système codifié (phonétique, linguistique...), le langage lui est une faculté qui ne répond à aucun système. Néanmoins les analogies, qu’exploite la langue des oiseaux, existent : Comme les mots, les symboles ont un sens, voire plusieurs sens Comme les mots, les symboles ont un passé. L’étymologie du mot renvoie à sa valeur première ; le symbole également possède une lignée d’images. Comme le mot, arbitraire depuis Ferdinand de Saussure (il ne représente pas la chose qu’il désigne), le symbole décrit lui une réalité émotionnelle avant tout ; de même que le mot qui a une charge affective. Au final, les mots sont des symboles dans la langue des oiseaux, qui mènent vers des enseignements occultes. L’alchimie, qui est une mise en images et en textes du Grand Œuvre utilise ainsi le symbolisme des mots pour tisser des correspondances entre les concepts. Ce codage assure la pérennité des concepts et images, car seule l’initiation peut fournir la clé des rapports entre les mots. Tout comme le symbole (qui est un raccourci par l’image), ce langage des mots fait prendre des raccourcis de pensée. La langue des oiseaux fonctionne de la même manière que les signes en mathématiques ou en physique, les équations par exemple. La formule E = mc2 est très significative : si tout le monde en voit la portée (la relativité générale), seuls les « initiés » (les mathématiciens) peuvent l’interpréter, et davantage même, la manipuler.
Dimension transculturelle de la langue des oiseaux La langue des oiseaux n’est pas dépendante d’une langue précise ; en réalité chaque langue possède un système de codification analogue fondé sur : le lexique, la syntaxe, la phonétique et la sémantique. Les koans japonais par exemple sont des jeux sur le double sens, à la limite de l’absurde. C’est bien ce que cherchent les auteurs de la langue des oiseaux : donner l’apparence de l’absurde afin de dissimuler le message. Aujourd'hui encore, le koan est utilisé dans l'enseignement oral de la tradition Soto pour suggérer « ce qui ne peut être dit avec des mots ». Par exemple : un disciple ayant demandé au maître Joshu : « Un chien a-t-il la nature de Bouddha ? » Maître Joshu répondit : « Mu ! » – Mu! est le wato (expression désignant l’absence de sens d’une question) de ce koan. Néanmoins les jeux de mots d’une langue donnée ne peuvent être compris que par ceux la maîtrisant. Aucune catégorie linguistique ne peut pénétrer dans la symbolique verbale d’une autre ; la traduction est en effet inefficace à restituer le double codage. Nous ne donnerons donc dans cet article que des exemples tirés de la langue française.
Fondements historiques
La Divination et les auspices
la divination au moyen des oiseauxDans l'Antiquité Latine, les oiseaux passaient pour messagers des dieux. L'auspicie, divination par le vol des oiseaux dans un carré magique projeté sur le sol (ou « templum ») permettaient de comprendre les intentions divines. Les « auspices » (de aves spicere : « observer les oiseaux ») étaient une méthode avant tout visuelle qui prenaient en compte également le cri des oiseaux observés.Depuis les temps immémoriaux, les cris des oiseaux sont une métaphore adéquate pour l'esprit humain, dans sa tentative de cerner les messages codés de la Nature. Sous l'influence chrétienne, la langue des oiseaux deviendra « langue des anges », gardant ainsi toute la dimension de communication entre le monde visible et invisible qu'elle avait à l'origine. Dès lors, certains auteurs attestent, dès l'Antiquité, de l'existence d'une langue secrète réservée aux « divium » (« devins »), initiés au messages divins. Diodore de Sicile, dans sa Bibliothèque historique, (Livre V, 31) explique qu'il existe un langage des dieux: « Ils disent, en effet, que … ces hommes [les druides] qui connaissent la nature divine et parlent, pour ainsi dire, la même langue que les dieux … » Virgile dans l'Enéide (livre III, 360) nous apprend que le « langage des oiseaux » est une des compétences du devin: « Fils de Troie, interprète des dieux, toi qui entends les volontés de Phébus,les trépieds, les lauriers de Claros, toi qui comprends les astres et le langage des oiseaux et les présages qu'annonce leur vol rapide,allons, parle » Très tôt cette langue est attestée, comme à part des langues humaines: « Ceux qui affirment que la philosophie a commencé chez les Barbares expliquent que celle-ci a pris chez chacun une forme particulières. Ainsi ils disent que les gymnosophistes et les druides philosophaient en énonçant des sentences énigmatiques (Diogène Laërce, Vies et doctrine des philosophes célèbres, Livre I, prologue, 6). » Néanmoins cette langue peut avoir une origine linguistique réelle. Iambule écrivain grec (Ier siècle avant J.C) dans un ouvrage fantastique disparu , écrit que les habitants d 'une île de l'océan indien ont une langue bifide (coupée en deux) permettant de tenir en même temps deux conversations, chaque lettre renvoie a un son (28 sons/lettres) de 7 caractères qui peut être formé de manières différentes. Diodore de Sicile dans le livre II de sa Bibliotheca résume ses propos: « Leur langue a aussi quelque chose de particulier qui leur vient en partie de la nature et en partie d'une opération qu'ils y font. Elle est fendue dans sa longueur et paraît double jusqu'à la racine. Cela leur donne la faculté, non seulement de prononcer et d'articuler tous les mots et toutes les syllabes qui peuvent être en usage dans toutes les langues du monde mais encore d'imiter le chant ou le cri de tous les oiseaux et de tous les animaux, en un mot tous les sons imaginables. Ce qu'il y a de plus merveilleux est que le même homme entretient deux personnes à la fois par le moyen de ses deux langues et leur répond en même temps sur des matières très différentes sans se confondre. » Enfin, Platon dans le Cratyle évoque une langue du double sens et pense que le mot reflète la chose qu'il représente. Il explique alors qu'entre les mots et les choses existe une relation d’immédiateté.
Les troubadours et la poésie médiévale
Néanmoins, hormis l'existence des auspices, aucun texte antique n'établit un parallèle entre langue des dieux et langue des oiseaux; ce n'est qu'au Moyen Âge qu'apparaît le premier jeu de mot : Fulcanelli, dans son ouvrage majeur Les Demeures Philosophales note : « Employée au moyen-âge par les philosophes, les savants, les littérateurs, les diplomates. Chevaliers d’ordre et chevaliers errants, troubadours, trouvères et ménestrels discutaient entre eux dans la langue des dieux, dite encore gaye-science ou gay-scavoir, notre cabale hermétique. Elle porte, d’ailleurs, le nom et l’esprit de la Chevalerie, dont les ouvrages mystiques de Dante nous ont révélé le véritable caractère. C’était la langue secrète des cabaliers, cavaliers ou chevaliers. Initiés et intellectuels de l’antiquité en avaient tous la connaissance. ». Fulcanelli pense que la langue des oiseaux doit son origine d'une certaine confrérie chevaleresque passionnée d'occultisme, d'où leur nom de « cabaliers », paronyme du mot « cavalier » et homophone imparfait du mot « chevalier ». Néanmoins rien n'est dit sur sa nature, sinon cette correspondance phonétique entre « cabalier » et « chevalier ». La langue des Oiseaux apparaît surtout à travers le système médiéval de codage inventé par les trouvères et troubadours afin de faire passer des messages qui déjouaient la censure des autorités, notamment ecclésiastiques. De nos jours encore, les jeux de mots et surtout les calembours sont des résidus populaires de cette langue poétique.Par exemple le mot « maladie » pouvait contenir un sens codé : c’est le « Mal qui dit » et cela pouvait renvoyer à une institution ou une pratique visée.A l’inverse, la « Bénédiction », c’est « la Bonne Diction » qui renvoyait peut être à l’art poétique. Autre exemple : les expressions de « Bonne Heure » (= Bonheur) et de « Mauvaise Heure » (= Malheur).
Le Soufisme et la langue siryanîte
La poésie mystique des soufis emploie souvent la langue des oiseaux également, de la même manière qu’en Occident. Le poète soufi Farîd al-Dîn Attâr - persan (aujourd'hui l'Iran) a vécu de 1119 à 1190 ; il appartient à la tradition spirituelle Soufi de l’École d’al-Hallâd- dans son ouvrage Le Langage des Oiseaux raconte une épopée mystique ou 30 000 oiseaux sont à la recherche de leur Roi. Le récit commence par un discours de bienvenue qui constitue une fonction rituelle et magique de la "Huppe", un oiseau assimilé à la fonction initiatique.Ces oiseaux représentent l’humanité des fidèles cherchant un sens au monde.La huppe, figure du maître soufi, appelle les oiseaux à partir pour un voyage difficile qui les conduira à la cour de leur Roi où ils rencontreront un oiseau fabuleux, le Simorg. Certains suivent la huppe, d’autres refusent, se contentant de leurs sorts terrestres. Attâr fait ici une parabole de la quête initiatique soufie où certains sont initiés car ils accèdent au sens profond des mots, d’autres s’y refusent et restent dans un langage commun. La thèse de Attâr c’est que les hommes comme les oiseaux ont des langues différentes : aucun oiseau n’a le même chant que l’autre.Or, les initiés partagent le même langage : le langage du bons sens et de la mystique. le livre d'or pur), qui contient l’enseignement de son maitre cheikh Dabbagh, évoque l'existence d'une langue originelle, employée par les anges et nommée langue siryanîte. Selon le poète soufi marocain, elle existe dans chaque langue et consiste en un autre sens que celui communiqué, le sens réel étant donné dans sa prononciation dans dans son écriture.C’est également la langue des grands saints. D'après une légende islamique, il y a des inscriptions en siryanî sur le tronc du ‘Arsh et sur la porte du Paradis, qui ont également le pouvoir de parler aux défunts dans la langue divine.Pour Ahmed Moubarek, le siryanî se trouve également dans les « lettres isolées » qui ouvrent les sourates du Coran et dont aucun théologien musulman n'a donné d'explication à ce jour, comme par exemple « Alif - Lâm - Mîm » qui ouvrent la sourate 2 « la Vache » (Al Baquara). Les exégèses ont été nombreuses; pour Ar-Rabî‘ ibn Anas : « Ces lettres proviennent des 29 lettres autour desquelles tournent toutes les langues », et à chacune il y a une vocalisation. Pour Abdel ‘Azîz ad-Dabbâgh par ailleurs : « A chaque lettre des lettres siryânites, il y a un secret, et chaque secret se divise en sept autres secrets. Ils naissent des significations divines des mots, qui est l’origine du premier secret. A chaque lettre il y a sept autres secrets qui se rapportent à la parole arabe. En ce qui concerne les langues non-arabes, d'autres secrets s'y rapportent. ». La calligraphie arabe se veut en effet une mise en symbole de la Création divine. Enfin, à la fin du XIVe, en Iran, Fazlullâh (fondateur de la religion des Hurufiyya (de « huruf »=lettres), après un rêve prophétique, entend et comprend le chant des oiseaux.
L'alchimie La science occulte de l’alchimie, provenant d’Egypte (Al-Chêmia en arabe signifiant la "terre noire") a donné à la langue des oiseaux ses lettres de noblesse. L'existence d'une langue secrète-dite « langue alchimique » est avérée, notamment par les alchimistes : allégorie de l'alchimie Artéphius qui sous-entend que cette langue codée est avant tout fondées sur des métaphores : « Ne sait-on pas que notre art est un art cabalistique ? Je veux dire, qui ne se révèle que de bouche, et qui est rempli de mystères ; Et toi, pauvre sot que tu es, serais-tu assez simple pour croire que nous enseignons ouvertement et clairement le plus grand et le plus important de tous les secrets, et pour prendre nos paroles à la lettres ? » Synésios (au IV ème siècle) complète la révélation d'Artéphius en évoquant un code méthodique : « Ils [les alchimistes] s'expriment seulement par symboles, métaphores et images, afin de n'être compris que par des saints, des sages, et des âmes douées d'intelligence. Ils ont, pour cette raison, observé dans leurs œuvres une certaine méthode et une certaine règle, de sorte que l'homme sensé pût comprendre et, peut-être après quelques tâtonnements, parvenir à tout ce qui est secrètement décrit. »
Nicolas Flamel, célèbre alchimiste, évoque un type de traités curieux dans son Livre des figures hiéroglyphiques en 1612 : « Il n'était point de papier ou de parchemin, comme sont les autres, mais il était fait de déliées écorces de tendres Arbrisseaux. Sa couverture était de cuivre bien délié, toute gravée de lettres ou figures étranges ; et quant à moi je crois qu'elles pouvoient bien être des caractères Grecs ou d'autre semblable Langue ancienne. Tant y a que je ne les sçavois pas lire, et que je sçai bien qu'elles n'étaient point notes ni lettres latines ou gauloises; car j'y entends un peu » Cette langue secrète -synonyme de « cabale » (avec un c pour la différencier de la Kabale judaïque) consiste le plus souvent dans l’utilisation de rébus ou de jeux de mots, dans l’objectif de coder des oeuvres interdites, via un code cryptographique fondé sur les sons, afin d’en faire passer le contenu, soit comme incompréhensible, soit comme d’un tout autre contenu. L’œuvre codée apparaît soit absurde, soit hors sujet. Ainsi on a pu voir dans la phrase de Synésios une phrase parallèle recelant quelques clés de cette langue:le passage " n'être compris que par des saints " peut s'entendre : " n'être compris que par dessins ou par desseins " par homonymie du mot « saint » ; de même le passage: « secrètement décrit » comme « secret te ment d'écrit », allusion au mensonge de la phrase prise au pied de la lettre. L’expression apparaît comme une métaphore d’une certaine manière de porter son regard sur les choses et événements qui appelle à faire fi de la logique de raisonnement dans le sens des phrases.certains auteurs occultes du Grand Œuvre parlent également de la "cabale phonétique", méthode identique jouant sur les correspondances phonétiques et sémantiques. Le sons en effet joue un rôle prépondérant en alchimie.D’une part cette science, à ses débuts, se faisait appeler « art de musique ».
Michel Maïer, auteur de Atalante Fugens, traité alchimique de première ampleur, joigne à ses textes des fugues accompagnant les métamorphoses de l’Oeuvre. Cette analogie est à mettre en parallèle avec la parole de Saint Paul dans le chapitre 13 de la première épître aux Corinthiens : « Quand je parlerai les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas l'amour, je suis un airain qui résonne ou une cymbale qui retentit. ». Il y a donc une constante analogie, dans chaque allusion à la langue secrète, à la musique. La « langue de l'Extase », souvent employée de manière synonyme à celle de langue des oiseaux est prétendue se manifester pendant la sortie de l'âme, lors d'un contact temporaire avec le divin. Thomas de Celano pense que le saint, pendant l'extase, croit entendre une musique très douce, d'une sonorité semblable au français. L'iconographie alchimique, quand elle représente le laboratoire de l'alchimiste, montre souvent des instruments de musique exprimant l'harmonie et la musique céleste (venant de Platon : la « musique des sphères ») accompagnant l'aboutissement du Grand Oeuvre.
Grasset d'Orcet (1828-1900) étudie les traces des systèmes cryptographiques de la Grèce archaïque. Fort de cette expérience il publie des articles sur la Langue des Oiseaux parus dans la Revue Britannique. Ami de Fulcanelli, ayant eu une puissante influence sur de l'abbé Henri Boudet (voir ci-après), Orcet va se consacrer à l’étude des "Matériaux Cryptographiques" c’est-à-dire aux règles de décodage des textes en langue des oiseaux. Il se focalise surtout sur l’héraldique, autre science aux origines occultes usant du double langage.Les devises hiéroglyphiques du blason obéissent en effet à des règles permettant leur « lecture » (autre qu’iconique) : 1) la devise se compose de vers de six à huit syllabes, terminées par une syllabe où entre la lettre L 2) Tout dessin blasonné doit se déchiffrer en commençant par les pieds (de bas en haut).
Fulcanelli, dont la véritable identité demeure inconnue (on le suppose être Julien de Champagne) dans "les Demeures Philosophales", ouvrage d’alchimie moderne où il montre que les maîtres spagyriques ont fixés dans la pierre des cathédrales leur savoir ancestral fut l'un des premiers à révéler clairement le sens de la langue des oiseaux : « Les vieux maîtres, dans la rédaction de leurs traités, utilisèrent surtout la cabale hermétique, qu’ils appelaient encore langue des oiseaux, des dieux, gaye science ou gay savoir. De cette manière, ils purent dérober au vulgaire les principes de leur science, en les enveloppant d’une couverture cabalistique. Mais ce qui est généralement ignoré, c’est que l’idiome auquel les auteurs empruntèrent leurs termes est le grec archaïque, langue mère d’après la pluralité des disciples d’Hermès. La raison pour laquelle on ne s’aperçoit pas de l’intervention cabalistique tient précisément dans ce fait que le français provient directement du grec. »
Un système de codage occulte Depuis le 13 octobre 1307 et l’arrestation des templiers sur ordre du roi de France Philippe le Bel, la langue des constructeurs de cathédrales devient interdite car suspecte et entre donc dans la clandestinité. Elle devient un système de cryptage plus ou moins intuitif car basé sur la phonétique et la proximité de sens des mots ; à l’inverse des autres systèmes, davantage mathématiques, mettant en œuvre des clés et des tables de correspondances, comme le célèbre code Enigma de la Seconde Guerre Mondiale par exemple. La langue des oiseaux demeure un système de codage dans lequel ne préexiste pas, à proprement parler de méthode écrite, de clé de décryptage en somme. Il faut ici la distinguer des autres langues secrètes, tribales et ethniques notamment (du domaine de l'ethnologie, comme la langue des Dogons, étudiée par Michel Leiris ou comme le « machaj juyai » qui est encore parlée par quelques familles de médecins herboristes traditionnels, les Kallawaya, qui vivent dans les Andes boliviennes) et des jargons et argots régionnaux ou sectoriels (de métiers) comme l'Argot des nomades en Basse-Bretagne ( la langue secrète des couvreurs, chiffonniers et mendiants) ou des langages crées ad hoc, comme le Polari, langue des homosexuels. La langue des oiseaux demeure un système de codage dans lequel ne préexiste pas, à proprement parler de méthode écrite, de clé de décryptage en somme.
Ce système se forme en définitive sur quelques principes simples, qui peuvent constituer les clés, même si elles ne sont jamais fixées par écrit, ce qui en fait une cryptographie : les mots homonymes et les phrases homonymes. Quand on utilise la langue des oiseaux, on peut découvrir dans certaines expressions anciennes d'autres expressions tout à fait différentes, aux sens différents : Par exemple les mots : "silence" (= "si lance"), "larme" (= "l'arme"), "mots" (= "maux"), "François" (="franc avec soi"), "mer" (="mère"), "métamorphose" (="mets ta mort et ose"), etc. Il s’agit là d’un système assez rudimentaire pour passer des informations via des textes : poèmes, traités alchimiques etc…, de la même façon que, pendant la Résistance française les « hommes de l’armée de l’ombre » ont communiqué les plans de sabotage de l’armée allemande via des poèmes de la littérature française, poèmes codés.
les images et analogies : certains sens codés ne sont compréhensibles qu'en usant de métaphores et analogies, sans quoi le terme figuré ne peut permettre d'interpréter le message. La langue des oiseaux fonctionne sur le registre de la spontanéité et de la compréhension. La cryptographie, ou « écriture chiffrée », est de trois types (d'après l'entrée "cryptographie" du Dictionnaire des langues imaginaires) : 1) substitution de chaque lettre, syllabe mot ou phrase par des lettres, chiffres ou mots différents selon un code 2) transposition : les lettres du texte, an clair, sont déplacées selon une clé 3) mixte. Des auteurs ont su employés des codes cryptographiques tels Goethe, Pouchkine, John Walis, Francis Bacon.
Pour certains auteurs, la langue des oiseaux tiendrait davantage à la glossolalie ou langue des prophètes: CG Jung pense qu'« il est possible que l'étrangeté et l'extériorité des contenus inconscients qui n'ont pas encore été intégrés dans la conscience exigent un langage qui soit, lui aussi étranger ». Néanmoins cet état de fait n'enlève rien à l'originalité de la langue des oiseaux, qui, bien qu'inconscient dans son aspect glossolalique, n'en demeure pas moins "motivée". L'entrée langue glossolalique du Dictionnaire des langues imaginaires pose que la glossolalie emploie trois mécanismes linguistiques qui en font un langage sensé : la répétition, la réduplication et le balbutiement.
Le Tarot de Marseille et la langue des oiseaux Le Tarot de Marseille, méthode de divination médiévale obéissant à la transmission orale (on ne l’apprend que par initiation), semble fonctionner sur les possibilités de la langue des oiseaux que ce soit par les anagrammes, les rébus ou l’homonymie. Les initiés du tarot ont l’habitude de résumer son but par l’expression : " le Tarot contient de 22 lames ses leçons". Si on y applique le principe de la langue des oiseaux, on peut entendre (et non plus lire) : « le Tarot qu'on tient, devin de lames, c'est le son », sorte de maxime élucidant la méthode à l’œuvre dans cette méthode de divination.
Néanmoins ce sont les images qui sont surtout à décrypter dans le Tarot de Marseille. Ces Arcanes semblent toutes contenir, par l’image ou le texte, un sens double, caché. La « lame » intitulée Tempérance renvoie en effet à l’expression développée : "Temps errance", qui correspond dans l’astrologie aux sources du tarot à l’ère du Verseau, figure qui apparaît sur la même Arcane. Par ailleurs, Les oiseaux ne sont pas absents des dessins du Tarot, en effet quatre « lames » mettent en scène les volatiles.Ces apparitions sont pour certains un code en soi permettant l’utilisation de la langue des oiseaux, nécessaire à la pleine compréhension des arcanes.
La lame dite de la Papesse (2ème arcane), paraphrasée en " lame air du Tarot " semble contenir l’idée même de la langue des oiseaux comme seule clé de compréhension du tarot ; on peut en effet la faire correspondre à l’expression homophonique : " la mère du Tarot ". Le symbole de l’air (domaine des oiseaux) comme source d'inspiration serait un signe conseillant de lire le Tarot de Marseille avec le son. Cette correspondance fait écho à la symbolique alchimique de l’air comme univers du « volatile » (par opposition au "fixe"), du secret dissimulé qu’il faut rendre visible (terrestre) par l’Oeuvre.
On peut également voir dans le nom de « tarot » une correspondance avec la forme phonétique «taraud » renvoyant au verbe « tarauder » qui signifie creuser, percer une matière dure, et qui s’emploie aussi dans une acceptation figurée (cette question me taraude par exemple). Le tarot serait un art du « creusement du sens » en somme.De même chaque arcane peut également correspondre phonétiquement à un autre sens que son nom inscrit sur la carte, désignant au final des étapes dans l’initiation : « le Bas te leurres » (Bateleur), « l'air mythe » (Ermite), « Temps errance » (Tempérance), « L'âme est son Dieu » (La Maison-Dieu).Néanmoins les significations appartiennent à ceux ayant crée ce code, la langue des oiseaux nous permet de dresser des correspondances de sons, mais pas elle ne nous permet pas d’accéder au sens premier, sinon par analogie. À noter que beaucoup de séminaires et de « coaching » interviennent sur le tarot et ses correspondances en langue des oiseaux. Langue des oiseaux et psychologie
Les jeux de mots : fenêtre sur l’inconscient Pour la psychanalyse, l’inconscient utilise un langage codé permettant d’exprimer un sens dit « latent ».Jacques Lacan, notamment, a démontré que sous les jeux de mots s'exprime l'inconscient qui choisit de passer des messages, suivant son expression selon laquelle « l’inconscient structuré comme un langage ». Néanmoins le complexe psychique va faire correspondre des états, symbolisés par des mots, agglomérés par leur proximité phonétique.
L’analyse doit pour Lacan se fonder sur la détermination de ces correspondances phonétiques et symboliques afin de « dénouer effectivement ce dont le symptôme consiste, à savoir un nœuds de signifiants ». Sigmund Freud déjà affirmait que « c’est par la langue que l’essentiel se révèle » (il emploie le mot allemand de « zurückführen », littéralement « conduire en arrière » soit ramener la langue vers son fondement). Dans La Science des rêves, Freud parle du rêve comme d'un rébus qui s'entend au pied de la lettre; un rébus formé des lettres comme signifiant graphiques et des sons comme signifiants phoniques ajoute Lacan. Pour Lacan, en effet, le signifiant prime sur le signifié, via un jeu constant entre ces deux réalités, au moyen des « lois du langage de l'inconscient »: la métonymie et la métaphore. La première « rend compte du déplacement dans l’inconscient » alors que la seconde « rend compte de la condensation dans l’inconscient ». Néanmoins Jacques Lacan, s'il pose l'hypothèse de l'inconscient comme un langage, ne repère pas la dimension phonique de celui-ci. Expliquant que « l’inconscient ne connaît que les éléments du signifiant (...) [étant] une chaîne de signifiants qui se répète et insiste », il ajoute en disant qu'il opère cependant « sans tenir compte du signifié ou des limites acoustiques des syllabes ». Au final Lacan a su montrer que psychiquement « Le mot n’est pas signe mais nœud de signification », que l'analyse doit dénouer. Il refuse par ailleurs qu'il peut exister dans l'inconscient, dans le domaine du prélangage, une signification de la lettre en elle-même, ce qui forme le fondement de la langue des oiseaux: « Si toute séquence signifiante est une séquence de lettres, en revanche, toute séquence de lettres n'est pas une séquence signifiante ». Avec Lacan, la psychanalyse se refuse à explorer les jeux de mots et les phénomènes des champs sémantiques et phonétiques. Le rêve « parle » la langue des oiseaux Le sens des mots dans les rêves est exploré la première fois par le psychiatre Carl Gustav Jung qui, en fondant la mythanalyse pose que « Si abstrait qu’il soit, un système philosophique ne représente donc, dans ses moyens et ses fins, qu’une combinaison ingénieuse de sons primitifs » .Le mot, en plus d'avoir un sens abstrait est chargé émotionnellement. le rêve selon GoyaEtienne Perrot, continuateur de Jung, fait de la langue des oiseaux et des jeux de sonorités une capacité du rêve d'exprimer de manière parallèle une réalité psychique: « Cette synchronicité, ces écoutes extérieures et intérieures, ces doubles lectures, nous les apprenons donc d'abord dans les rêves. Les rêves nous apprennent à décrypter la réalité_les rêves, c'est bien connu, prennent très souvent des matériaux de la vie diurne, mais c'est pour nous apprendre à les lire autrement_ Cette lecture renferme un élément très important, qui est le décryptage des mots suivant des lois qui ne sont pas des lois causales, mais des lois phonétiques, suivant le mode de formation des calembours. C'est ce qu'on appelle "la langue des oiseaux", et c'est cela , d'une façon précise, ce que les alchimistes appelaient " la gaie science » Il justifie le double sens phonétique des textes alchimiques par cette citation de l'auteur ésotérique Michel Maïer qui explique: « A propos de tout ce que tu entends, raisonne pour savoir s'il peut en être ainsi ou non.Nul en effet n'est incité à croire ou à accomplir des choses impossibles, car les mots (des livres hermétiques) existent à cause des choses et non les choses à cause des mots » Perrot reconnaît au rêve une certaine motivation, indépendante à la conscience, un certain humour qui transparaît par la langue des oiseaux. En déstructurant le mot, par les sonorités qu'il contient, le rêve (l'inconscient en somme) donne à entendre un autre sens. Perrot voit dans le mot onirique une capacité à se « dilater » par une mise en correspondance de symboles. Il y voit également une correspondance constante avec la musique de l'alchimie dans laquelle « toute cuisson s'accompagne d'une musique: un four gronde, un feu crépite, l'eau sur le feu chante et, si l'on y plonge un métal porté au rouge, il siffle »[25] Cette capacité du rêve à générer des sens à plusieurs niveaux correspond à la règle d'interprétation alchimique obscurum per obscurius qui prône l'explication, paradoxale, de ce qui est obscur par ce qui est plus obscur encore.Il s'agit bien du contenu latent du rêve, qui tend à se symboliser par la condensation, proche des koans et des haï kaï zens. Par exemple, un rêve évoquant un « parchemin », contre toute logique, pourraît s'interpréter par l'expression « par le chemin » suivant la langue des oiseaux, expression qui renvoie aux symboles de liberté, d'ouverture d'esprit, de développement personnel.En latin, un romain rêvant d'un livre (« liber ») aboutirait à la même conclusion : "liber" renvoie également à liberté ; et cette racine a été conservée en français. Des personnages, par leurs patronymes, peuvent ainsi correspondre à des symboles. Le nom de Pierre par exemple, dans un rêve, renvoie non à une personne réelle ou historique (l'apôtre) mais à la pierre au sens d'autel ou de Pierre Philosophale. Pour Jung, l'existence de ce double langage prouve la continuité des symboles alchimiques dans le psychisme contemporain. Rêver d'un « sceau » au sens de clé renverrait ainsi au « scel », mot d'ancien français désignant le « sel », composé alchimique, et fonction psychique régulatrice. Par ailleurs, l'étymologie demeure dans le rêve, en dépit de la culture du rêveur.Elle semble encore signifiante, comme si elle stratifiait dans l'inconscient tous les sens d'un mot, et toute son évolution linguistique. Le mot « laboratoire » par exemple, en rêve, continue à contenir les deux sens de « laborare » (travailler) lui-même provenant du verbe latin « orare » (prier). En somme le rêveur pourrait être appelé à « travailler sur sa conscience spirituelle » en voyant lors d'un songe un laboratoire. Pour Perrot et les psychologues analytiques, en effet, l'inconscient "connaît" l'étymologie et joue avec.Par exemple, rêver de "graisse" renvoie à sa racine latine: adeps qui évoque le substantif "adepte", celui entré en possession de la Pierre Philosophale. De même, "Luxembourg" renvoie à la "ville de lumière" (lux en latin), la forteresse du Soi. Les jeux de mots sont également à la source d'interprétation des rêves, et en premier lieu les anagrammes et calembours, combinés au savoir inconscient de l'étymologie.Rêver d'un « gnome » par exemple pointerait vers la racine grecque « gnomon » qui désigne l'être surnaturel synonyme de nain et qui est l'anagramme de "mon gon". L'expression de « mon gond » (rendue intelligible, décodée, en graphie conventionnelle) pourrait alors mettre en lumière le côté fermé, clôt, du rêveur face à un problème, et la nécessité pour lui de s'ouvrir au monde. Les phases de la transformation spirituelle intérieure sont en effet, dans toutes les cultures, symbolisées par des seuils de porte ou des dispositifs d'ouverture (les rêves de maisons sont significatifs-de là rêver de "restaurant" peut inclure le sens de "restauration" psychique, de reconstruction personnelle). Les jeux de mots sonores sont souvent très évidents : rêver de "corbeau" peut évoquer le "corps beau", c'est-à-dire le corps qu'une personne complexée doit apprendre à respecter notamment. symbolique de la lettre MAssez proche de la numérologie, l'interprétation de lettres entendues ou vues dans un rêve peut recevoir un éclairage particulier grâce à la langue des oiseaux. Rêver de la lettre « M » pourrait signifier phonétiquement « aime » alors que, inversement rêver de la lettre « N » correspondrait au concept de « haine ». Plus symboliquement, les noms pourraient renfermer dans leur structure l'essence des choses qu'ils désignent.Perrot donne l'exemple du "merle" alchimique qui peut s'expliquer ainsi : « le vase hermétique (athanor) est la mère de la Pierre."Merle" est formé de "mère" où est venu se ficher en quelque sorte le l, verticale symbolisant la foudre divine, le feu du sacrifice qui pénètre la substance terrestre et la consacre à la divinité. Le merle est donc l'athanor allumé et sanctifié par le feu du ciel » Etienne Perrot considère également que le double sens est appréhendable également par le recours à la kabbale qui utilise la permutation des lettres. Par exemple la lettre aleph est l'Esprit. Enfin, le double sens peut être levé facilement, par une lecture au premier degré: rêver de l'expression d' « antimoine », sans se référer au composé alchimique, devenu archaïque de nos jours, peut signifier simplement: « anti-moine »: se méfier des clercs, de la religion par exemple ; le prénom "Renée" signifie "re-naît". Néanmoins Jung, comme Perrot, insistent sur la nécessité, pour interpréter efficacement ce double sens, de comprendre la situation du rêveur, ainsi que son langage personnel, sans quoi les interprétations ne seraient que fantaisistes ou trop analysées. Cependant, Perrot ne cherche pas l'interprétation systématique : « le seul plan qui nous intéresse est celui des analogies signifiantes de la langue des oiseaux » Les deux niveaux d'interprétation de la langue des oiseaux « la Langue des Oiseaux ne peut s’apprendre avec les Sens, la mémorisation. Elle ne se laisse pas dévoiler non plus avec la logique limitée du connu actuel. Le mot, la lettre, sont des « koans » déployant, et basés sur, une logique plus logique que la logique officielle! » : Yves Monin dans son livre Hiéroglyphes Français et Langue des Oiseaux pointe là un autre niveau d'interprétation de la langue des oiseaux correspondant à la symbolique graphique et non plus phonétique. En somme la lettre, sa forme en elle-même et dans le mot, combinée avec le sens du mot, recevrait une signification souvent cosmogonique ou ésotérique. Monin remarque à ce propos que le mot « O.I.s.E.A.U » a la particularité de faire appel à toutes les voyelles. Or, pour les kabalistes, les voyelles sont les lettres du fondement de la création (voir ci-après pour l'explication), comme si en soi il résumait l'essence du cosmos, de là une hypothèse de l'origine de l'expression « langue des oiseaux », non en référence aux volatiles mais au fait qu'elle prend part au plan gnostique.
Un jeu de lettres Beham,(Hans) Sebald (1500-1550),GrammaticaLa "langue des oiseaux" donne une signification particulière aux lettres ; elle s'apparente en cela à la Kabbale qui voit dans chaque lettre une représentation iconique et graphique d'un concept existentiel ou divin, de l'ordre du « cosmos » : le a est la loi, le e le monde. Dante Alighieri, dans son Enfer cite : « avant ma descente au deuil infernal / I s'appelait sur la terre le Bien (Suprême) »
Cette conception est à l'origine de certaine lecture occultiste de textes fondateurs comme l'oeuvre de Rabelais "Pantagruel", dite fondée sur la langue des oiseaux. Les personnages de "Grand Gousier", "Gargamel", "Gargantuas" etc... tireraient leurs initiales de la lettre G représentant la recherche intérieure en langue des oiseaux.En effet, la lettre G est comme retournée sur elle-même. Le P de Pantagruel" représenterait alors la quintessence, c'est-à-dire le cinquième élément, en plus des éléments terre eau feu et air, symbole alchimique de la Totalité. Le S par exemple représente, lui, la recherche "dans tous les sens", sans axe (au contraire du P, qui possède un axe, symbole de l'axis mundi).
Le A symboliserait la création alors que le Z relie les plans céleste et terrestre. Quand au V il représente une sorte d'entonnoir, la figure symbolique du verre, du vase (le Saint Graal est une des figures possibles) ou encore de l'athanor, ce contenant mystique des alchimistes. De là l'interprétation que les noms données aux eaux minérales commencent toutes par la lettre V telles: "Vichy", "Vittel", "Volvic", "Évian" ; le dicton latin « In vino veritas » enfin renforce la symbolique. Il est intéressant de noter que W. John Weilgart a repris cette symbolique des lettres dans la consitution de la langue AUI, langage crée pour communiquer avec les extra-terrestres.
Un jeu de mots
La langue des oiseaux fonctionne sur le registre de la spontanéité et de la compréhension directe. Un exemple classique des jeux de mots permis par la langue des oiseaux est le nom des auberges: « au lion d'or », nom très fréquent dans le métier. Cette pratique tirerait son origine de l'analphabétisme des voyageurs de l'époque qui, afin de savoir où trouver l'auberge, se contentaient de lire phonétiquement l'enseigne (ce qui donne, si l'on décode les syllabes de façon plus lente: « au lit on dort ») Luc Bige, dans son Petit dictionnaire en langue des oiseaux.Prénoms, Pathologies Et Quelques Autres dresse une liste de ces expressions courantes tenant du double sens.Il montre également qu'à chaque mot, les possibilités augmentent, et qu'à partir d'une phrase simple on peut, selon diverses méthodes (déconstruction des syllabes, homographie, homophonie, champs sémantiques...), obtenir à chaque fois des phrases d'autres sens.Il prend notamment l'exemple du syntagme simple: « Ma chandelle » qui peut donner: ma chan d 'elle > elle m'a chanté > mon chant qui vient d'elle > mon chandail ma champ d'elle > mon champ qui vient d'elle mâ(che) champ d'elle > mâche (laboure etc.) son champ mâ(che) chant d'ailes > le chant de ceux qui ont des ailes A chaque mot les possibilités de sens sont innombrables, constat renforcé par la nature de la langue française.
Néologisme et fausse étymologie
La langue des oiseaux peut également se reposer sur des éléments latins et grecs, utilisés dans les néologismes scientifiques notamment (technique de la « composition », par opposition à l'étymologie naturelle). Le mot codé acquiert ainsi une interprétation davantage mystique et abstraite: Par exemple, pour le mot « chandelle » on peut le décomposer en « chan-dele » renvoyant aux morphèmes : « chan » connoté au substantif « chant » « dèle » du grec dêlos qui signifie « apparent » On obtient ainsi un sens crée de toute pièce à la signification propre (« chant apparent »), partagée et réceptionnée que par ceux connaissant le procédé. Cette technique accroît encore le nombre de possibilités de la langue de voir du sens codé dans chaque mot. Elle est à rapprocher du phénomène populaire de la « fausse étymologie ». Ce procédé est connu des alchimistes ; Paracelse notamment enrichit ses traités de nombre de concepts inventés sur des racines grecques et latines, renvoyant à des sonorités de la langue française, et donc à des mots aux sens précis, non référencés dans le lexique.
Anagrammes
La langue des oiseaux, en plus des possibilités phonétiques, de la forme des lettres et des racines des langues étrangères, use de la permutation des lettres du mot.Les anagrammes sont monnaie courante dans les textes codés. Le patronyme « Rachel » par exemple renvoie au nom de « Charles » dans le cas d'anagramme simple.Mais on peut aussi étendre l'extension du mot à un inventaire de lexiques proches, par la méthode anagrammique du scrabble : le mot « chandelle » renvoie alors à « chaldeen », « allèche », « chenal », « nacelle», etc. Les permutations étant innombrables, le codage ne peut se faire sans une clé de cryptographie.
Thèmes de la langue des oiseaux
D'après Christophe Dufour, nombre de patronymes et de prénoms sont liés à la qualité de la personne nommée.Certaines situations peuvent également motiver la dénomination, ou « acte de baptême linguistique » (Roman Jakobson).
Le prénom « Brigitte », par exemple se comprendrait par la locution : « brisé le gîte » car son détenteur est né lors d'une tension conjugale et son existence menacerait le foyer parental. Le mot « Thérèse » renverrait lui à une foule d'expressions décodées: "tu es une rose", ‘tu es à l’aise dans le taire", "se taire pour être à l’aise","tu es à l’aise sur terre", "reste sur terre" etc. On sait à ce propos que l'hypothèse n'est pas entièrement farfelue puisque nombre de civilisations créaient ou donnaient des noms aux personnes en fonction de leur condition de naissance ou de leur qualité.Les latins notamment étaient très vigilants aux auspices qui sanctionnaient la naissance d'un nouveau-né. Les patronymes donnés aux héros des contes par les fées reconduisent cette pratique, et, de nos jours, la psychogénéalogie en donne tout son sens.
Noms de lieux
La ville de "Lyon" est au centre de la France, c'est par ses routes que nous (re)"lions" le pays.
Noms d’objets
Nombreux dont les homonymes et faux-amis complémentaires. Par exemple "dent" (du latin "dens") est l'outil qui rentre "dans" (du latin "intus") la nourriture pour qu'elle soit digérée "dans" le corps.
Dans les comptines
Pierrot selon WatteauLes comptines, comme les contes, ont une origine ésotérique certaine.A l'origine ils ne s'adressaient pas aux enfants mais aux initiés ou aux apprentis. Nombre de référence à l'alchimie sont codées au sein des comptines qui sont des mises en histoire dramatique des phases de la quête d'initiation. On peut ainsi voir la célèbre comptine « Au clair de la lune / Mon ami Pierrot » comme un texte codant un autre texte sous-jacent. Le texte originel est : Au clair de la lune Mon ami Pierrot Prêtes moi ta plume Pour écrire un mot Ma chandelle est morte Je n'ai plus de Feu Ouvre-moi ta porte Pour l'amour de Dieu On peut voir alors un autre texte, lu selon la langue des oiseaux : Au clerc de la lune Mon ami pie héraut Prête mots à ta plume. Pour écrire un mot : Mâches chant d'ailes, et mots heurtes. Jeu n'est plus de feu, Ouvre mots à ta porte. Pour l'âme, hourdes d'yeux.
Ce texte contient un message codé et ésotérique qui peut se décomposer comme ci-après : « au clerc de la lune" fait référence au messager de l'ombre, le « clerc » étant habillé d'une soutane noire, proche de la nuit. « mon ami pie héraut" »: le clerc est le porteur du message qui est la « pie hérault » qui peut s'entendre comme la source d'inspiration: l'oiseau qui annonce une vérité. « prête mots à ta plume » fait référence symboliquement aux mots comme des sens volatiles, à interpréter dans un sens figuré, aérien comme les oiseaux. « Mâche chant d'aile, et mots heurtes» enjoint à briser la structure des mots pour en faire ressortir le sens phonétique, but de la langue des oiseaux. « jeu n'est plus de feu »: il existe un sens caché dessous, une autre lumière, « defeü » signifiant en ancien français « misérable » (« je n'est plus misérable »). « Ouvre mots à ta porte » appelle à accepter les mots comme ils sont. Enfin, « Pour l'âme, hourdes d'yeux » s'entend: si l'on veut connaître l'initiation il faut ouvrir les yeux, savoir regarder, ce qui renvoie à la condition de spontanéité nécessaire au décodage de la langue des oiseaux.
Linguistique et langue des oiseaux
Les mécanismes linguistiques mis en oeuvre dans la langue des oiseaux sont nombreux ; on peut citer : La connotation et les champs sémantiques : le mot renvoie à tout un tissu de synonymes proches ou éloignés, ou, au-delà, vers des concepts ou mots par analogie proches. La permutation des lettres : anagrammes, palindromes surtout, verlan également. L’étymologie dans une certaine mesure, pour le cas des néologismes ou des mots à racines étrangères. La correspondance, au niveau graphique: la lettre cherche à ressembler à la chose évoquée (dans « éclair » par exemple on peut voir le l comme l'éclair s'abattant). L’harmonie imitative via le jeu des sonorités : par assonance et allitération le mot cherche à imiter le son réel (comme dans : « Mais pour qui sont ses serpents qui sifflent sur vos têtes? » avec le son /s/ évoquant le serpent, de Jean Racine). L'association d'idées et la synesthésie (association de sens perceptifs). Ces différents critères en font un outil d'interprétation de sens, notamment employé en mythanalyse, dans la démarche dite d' amplification d'un texte. L'ouvrage de Bige, Petit dictionnaire en langue des oiseaux.Prénoms, Pathologies Et Quelques Autres dévoile les méthodes créatives pour constituer des jeux de mots symboliques, méthodes qui tiennent indéniablement de la grammaire et de la syntaxe combinatoires. Il propose d'abord de commencer par écrire le mot ou de constituer une périphrase, puis, syllabe par syllabe, d'écrire toutes les possibilités et « dans tous les sens » afin de dévoiler l'ensemble des connotations. Bige donne également comme possibilité d'utiliser le "verlan" (écrire les syllabes dans l'ordre inverse) ou le palindrome (lecture dans les deux sens du mot, avec deux significations différentes). La phase suivante est celle de la suggestion d'autres mots qui ressemblent, ou de les compléter au besoin et selon la symbolique que l'on souhaite suggérer. Enfin, la langue des oiseaux étant avant tout phonétique, Bige conseille de lire à voix haute les mots construits afin de favoriser les échos phoniques et les significations cachées.
En littérature
Jonathan Swift, maître des jeux de motsLes recours de la littérature à la langue des oiseaux sont diverses et variés.Pour Fulcanelli : « Les oeuvres de François Rabelais et celles de Cyrano de Bergerac; le Don Quichotte de Michel Cervantès, les Voyages de Gulliver de Swift; le Songe de Poliphile de Francisco Colonna; les Contes de ma mère l’Oie, de Charles Perrault » sont fondés sur les jeux de mots de cette langue secrète.Cyrano de Bergerac dans Les Etats et empires du soleil rencontre un oiseau merveilleux qui lui parle en chantant et qui cite certains poètes ayant réussi à parler la langue des oiseaux comme Apollonius Tianeus, Anaximandre ou encore Esope. Pour Richard Khaitzine, dans La langue des oiseaux, explique que les poèmes d’amour courtois sont écrits en langue des oiseaux, qui est une langue avant tout positive, heureuse, « qui chante » le Gai Savoir. Les contes philosophiques dissimulent également un double sens, par le jeu des sonorités et des patronymes, par les fausses étymologies aussi. Jonathan Swift, auteur de Les voyages de Gulliver a d’ailleurs publié un livre sur le « pun », ou art anglais de faire des jeux de mots, ce qui témoigne de sa connaissance de la langue des oiseaux, en 1719, intitulé l’ Ars punica.the Art of punning or the Flower of languages in 79 rules (l'art punique art du calembour, ou la fleur des langues) , qui peut se traduire par «l’Art du Calembour». Swift serait ainsi, pour Gérard de Sède le créateur de la langue « punique » (de « pun »: calembour, non de « punique « ), langue qui « par ses jeux de mots, savait créer les noms propres d’hommes ». L'abbé Boudet s'en serait ainsi inspiré pour coder les noms de lieux mystérieux de son traité. À la suite de Swift, sur son modèle, le comte Joseph de Maistre code ses ouvrages et ses références toponymiques. Les contes pour enfant ont également recours aux jeux de mots. Roald Dahl dans Le Bon Gros Géant lui fait ainsi dire : « savouricieux, exécrignobles, sanglier et singulier, autruche et Autriche, goût volatile », bon exemple de langue des oiseaux.
Le pseudonyme
le Sator forme des anagrammesDe pratique courante en littérature, l'usage d'un pseudonyme permet de contourner la censure ou de protéger sa vie privée.Certains voient dans les pseudonymes des codes permettant d'en dire davantage sur la personnalité ou l'influence de l'auteur.Ainsi le pseudonyme de Jean Marie Arouet dit « Voltaire » s'expliquerait par: soit un simple, soit par une anagramme phonétique d'Airvault, nom d'un bourg poitevin d'où est originaire sa famille ou de « révolté » : révolté devient re-vol-tai, qui donne Voltaire, soit enfin en référence à la locution en ancien français signifiant « celui que l'on voulait-faire-taire » (vol-taire), à cause de sa pensée novatrice. Le pseudonyme de Jean baptiste Poquelin « Molière » a donné lieu également à nombre d'hypothèses ésotériques. On peut y voir l'expression ironique « Mots lient air » renvoyant à la symbolique du Tarot et au sens de la langue des oiseaux.
Sa pièce Les femmes savantes semble mettre en scène, en effet, des personnages dont le nom est directement inspiré par la langue des oiseaux: « Trissotin » peut signifier « trois fois sot comme l'abbé Cotin », l'abbé Cotin incarnant, à l'époque la Préciosité. Autre exemple, le personnage de « Bélise » pourrait s'entendre comme « bêtise » en raison de sa naïveté et de sa sophistication de langage. Ainsi, les pseudonymes sont souvent formés sur des anagrammes portant un sens nouveau à la personnalité de l'auteur, qui, ainsi se dissimule tout en révélant une face cachée.[/size] | |
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